Récapitulatif des conséquences sur les marchés (jusqu'à présent)
La réaction des marchés à la suite de l’annonce de l’imposition de droits de douane américains le mercredi 2 avril a été marquée et largement caractérisée comme un contexte classique d’aversion pour le risque. La nouvelle est parue après la fermeture des marchés et alors que la confiance des investisseurs était étonnamment constructive. Les premières manchettes faisaient état de tarifs uniformes de 10 %, que les marchés interprétaient comme étant moins sévères que prévu. Par conséquent, les contrats à terme sur actions américaines et les taux des obligations du Trésor ont augmenté lors d'un bref rallye de soulagement axé sur le risque.
Cependant, cet optimisme s'est rapidement estompé à mesure que des précisions sur les mesures « de représailles » plus importantes que prévu ont émergé. La confiance des investisseurs est devenue fortement négative.
L’escalade par les États-Unis a déclenché une réévaluation à travers les classes d'actifs, les investisseurs tablant rapidement sur la probabilité accrue d'une guerre commerciale à grande échelle entre les plus grandes économies du monde. Le mouvement résultant reflète les préoccupations croissantes concernant un ralentissement de la croissance économique mondiale et une volatilité accrue des marchés, incitant à un large déplacement loin du risque et vers des actifs défensifs.
Les 3 et 4 avril, les marchés mondiaux ont connu une réévaluation généralisée et marquée à travers les classes d'actifs, reflétant un mouvement décisif vers un sentiment d'aversion pour le risque. De la fermeture mercredi jusqu'à vendredi, nous avons été témoins des réactions suivantes du marché :
Actions
- L'indice S&P 500 a chuté de 10,5 %.
- L'indice S&P/TSX a reculé de 8,4 %.
- L’indice EuroStoxx 50 a cédé 8,0 %.
- L'indice Nikkei du Japon a perdu 5,5 %.
Titres à revenu fixe
- Les taux des obligations du Trésor américain ont diminué : les obligations à deux ans de 24 points de base; les obligations à dix ans de 17 points de base.
- Les rendements des obligations gouvernementales canadiennes ont baissé : les obligations à deux ans de 7 points de base; les obligations à 10 ans de 4 points de base.
- Les écarts de crédit des titres de bonne qualité se sont élargis d'environ 13 points de base.
- Les écarts de rendement élevé ont augmenté de 68 points de base.
Sur les marchés des changes, le dollar canadien s'est légèrement raffermi, gagnant 0,40 % par rapport au dollar américain, tandis que l'indice du dollar américain (DXY) s'est affaibli d'environ 0,90 %. Le yen japonais, un refuge conservateur traditionnel, a progressé de manière notable de 3,1 % par rapport au dollar américain.
Les produits de base n'ont pas été épargnés. Le brut Brent a chuté d'environ 12 % en raison des craintes de destruction de la demande mondiale liées aux risques de récession. Fait intéressant, l'or au comptant a diminué de 4 %, s'écartant de son comportement habituel de valeur refuge, ce qui suggère que des préoccupations plus profondes à l’égard du marché pourraient se développer sous la surface.
Retombées économiques et politiques
Si – un gros si – ces tarifs restent en place pour le reste de l'année, l'économie mondiale serait frappée par le plus grand choc commercial en plus d'un siècle. Le taux moyen des tarifs sur les importations américaines passerait de 2,3 % l’année dernière à 22 %. À partir du 9 avril, les importations américaines en provenance de la Chine seront soumises à des droits de douane d'environ 70 %. Si la Chine continue d'importer du pétrole vénézuélien, elle se verra imposer un tarif supplémentaire – un quatrième tour, pour ceux qui comptent – portant le taux moyen des tarifs à presque 100 %. Le commerce direct entre les États-Unis et la Chine pourrait être réduit à presque zéro. Selon nos estimations, le commerce entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis pourrait diminuer d'environ 50 %.
Toute prévision économique dépend de savoir si ces tarifs sont permanents ou s'ils font temporairement partie d'une tactique de négociation. Si les tarifs douaniers américains et les tarifs de représailles correspondants sur les exportations américaines demeurent en place pour le reste de 2025, une récession mondiale est très probable. Le PIB réel des États-Unis pourrait chuter de 1 à 2 % au cours de l'année prochaine, ce qui est moins sévère qu'en 2008 ou 2020, mais qui représente tout de même une récession. Les prix à la consommation aux États-Unis augmenteraient d'environ 1,5 %. Avec l'inflation de base récemment maintenue autour de 3 %, les tarifs douaniers pourraient faire grimper l'inflation américaine bien au-dessus de 4 %.
Même si la plupart des tarifs sont annulés au cours des prochaines semaines, les conséquences sur l'incertitude économique seront durables. Les États-Unis éviteraient un choc inflationniste, mais la croissance économique resterait probablement modérée pour les prochains trimestres, les entreprises étant paralysées par l'incertitude.
Impacts des tarifs sur le Canada
Jeudi dernier, le Canada est soudainement passé d'une cible principale des attaques commerciales américaines à l'un des pays les moins taxés sur la planète. Ses perspectives économiques demeurent tout de même beaucoup plus sombres qu'elles ne l'étaient il y a une semaine. Si les tarifs actuels restent en vigueur, la plupart des estimations prévoient une baisse du PIB canadien d'environ 2 % au cours de l'année à venir.
Mesures politiques d'atténuation possibles à venir
Il est très peu probable que les tarifs américains récemment annoncés existent de manière isolée. Des actions de représailles ont déjà commencé, la Chine et le Canada annonçant des contre-mesures. Il est raisonnable de s'attendre à ce que d'autres grandes économies, notamment l'UE, emboîtent également le pas. De nombreux pays et régions sont susceptibles de mettre en œuvre des mesures de politique intérieure visant à compenser l'impact économique causé par les restrictions commerciales. Celles-ci pourraient inclure des mesures ciblées de relance budgétaire, des mesures de soulagement fiscal et un éventuel assouplissement monétaire pour soutenir la demande intérieure et soutenir la croissance.
Le cycle électoral actuel du Canada ajoute une couche d'incertitude aux décisions de politique budgétaire à court terme. Bien qu'un paquet de soutien budgétaire soit probable à un moment donné, il devrait être relativement modeste – peu susceptible d'atteindre l'échelle de plusieurs points de pourcentage du PIB nominal. Cela reflète l'exposition limitée du Canada aux récents tarifs douaniers américains : la plupart des biens couverts par l'ACEUM demeurent exonérés, le Canada a été exclu des tarifs universels de 10 % imposés par les États-Unis, et aucun tarif réciproque n’a été introduit, du moins pour l'instant. Si l'administration américaine révisait sa position et élargissait la couverture tarifaire pour inclure davantage d'exportations canadiennes, la probabilité d'une réponse budgétaire canadienne plus substantielle augmenterait.
Aux États-Unis, l'extension proposée de la Tax Cuts and Jobs Act (TCJA), potentiellement avec des incitatifs fiscaux supplémentaires, gagne du terrain au Congrès. Elle pourrait fournir un stimulus significatif à l'économie américaine à court terme.
En Europe, l'Allemagne a déjà engagé plus de mille milliards d'euros en soutien budgétaire, rendant un nouveau stimulus moins probable. Cependant, des pays comme la France, l'Espagne et l'Italie discutent maintenant ouvertement de nouvelles initiatives budgétaires. Les contraintes politiques de la France et les allocations non dépensées de l'UE en Italie pourraient en limiter l'exécution.
Entre-temps, la Chine a lancé des mesures budgétaires agressives visant les secteurs industriels et lourds en actifs depuis septembre. Avec les États-Unis imposant des tarifs excessifs, la Chine pourrait se tourner vers un stimulus axé sur les consommateurs au cours des prochains mois.
La fonction de réaction de la banque centrale devient plus nuancée dans un contexte de stagflation – caractérisé par une inflation à la hausse accompagnée d'une croissance ralentie – parce qu’elle n'offre pas de voie politique claire. Bien que les tarifs soient généralement censés faire augmenter les prix, la question clé est de savoir s'il s'agit d'ajustements de niveau de prix ponctuels ou du début d'une tendance inflationniste plus persistante qui pourrait influencer les attentes au-delà de l'année prochaine.
La Banque du Canada et la Réserve fédérale américaine considèrent actuellement les effets inflationnistes des tarifs comme transitoires, ou « ponctuels », et donc peu susceptibles de modifier les attentes relatives à l'inflation à moyen terme. Cependant, un segment significatif du marché n’est pas d’accord et anticipe des conséquences inflationnistes plus durables. Cette divergence soutient l'idée que les deux banques centrales seraient en faveur d'un assouplissement de la politique pour atténuer un ralentissement économique important, plutôt que de resserrer les mesures pour lutter contre l'inflation à court terme.
Il convient de rappeler que, bien que les chocs de prix de l'ère COVID aient été initialement considérés comme transitoires, ils se sont révélés plus persistants que prévu. Dans l'ensemble, nous prévoyons que les banques centrales du G10 – y compris celle de la Chine – pencheront pour plus d’accommodements. En revanche, de nombreuses banques centrales des marchés émergents, compte tenu de leur expérience historique dans la gestion de l'inflation et des pressions monétaires, pourraient adopter une position plus neutre ou modérément restrictive.
En guise de conclusion
Il ne fait aucun doute que les récentes annonces tarifaires représentent un choc économique, bouleversant l'ordre commercial mondial qui est en place depuis plusieurs décennies. L'impact précis des facteurs qui influencent les rendements attendus, y compris l'inflation, la croissance économique et la croissance des bénéfices, est très incertain. C'est dans ce contexte que nous continuons de croire en l'importance de la diversification par classe d'actifs et par géographie, d’une perspective à long terme et d'une prise de décision disciplinée plutôt qu'en réaction émotionnelle aux manchettes.
Comme nous l'avons décrit ci-dessus, il existe plusieurs voies de sortie disponibles à partir de l'état actuel des choses et nous attendons les catalyseurs pour mieux comprendre la direction future des classes d'actifs dans un environnement plus incertain.
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