Utilisateurs finaux d’énergie : la pièce manquante de votre portefeuille durable?

Lorsque les gens pensent à investir dans la transition énergétique, ils envisagent souvent l’achat d’entreprises spécialisées dans les énergies renouvelables, de solutions de capture de carbone, de fabricants d’équipement et d’autres entreprises liées à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, il existe une autre façon de tirer parti de ce qui, d’ici 2030, deviendra une occasion d’investissement de 4,5 billions de dollars US par an1, soit la détention de consommateurs d’énergie. 

Pour Andrew Simpson, vice-président principal, gestionnaire de portefeuille et chef de l’équipe Mackenzie Betterworld, cela signifie détenir des entreprises qui déploient des efforts concertés pour devenir plus durables plutôt que d’acheter exclusivement des actions d’entreprises de produits de solutions climatiques.

« Ces entreprises n’ont pas à acheter des panneaux solaires ou à s’approvisionner en énergie renouvelable, mais elles ont choisi de le faire et ont intégré la durabilité à leurs processus d’affaires », explique M. Simpson, qui dirige le Fonds d’actions mondiales Mackenzie Betterworld.

Il est essentiel de se concentrer sur l’utilisateur final, ce qui, précise-t-il, n’est pas lié à la personne moyenne qui achète un véhicule électrique ou installe des ampoules DEL, même si cela est également important pour la transition, car « il n’y a pas d’innovation sans marché ni soutien », explique-t-il.

Ces entreprises disposent des ressources nécessaires pour réaliser des achats importants et peuvent attribuer du capital à différentes solutions. « Elles comptent énormément pour faire avancer les choses », ajoute-t-il.

Tirer parti des grandes capitalisations
M. Simpson, qui gère des mandats d’investissement durable depuis plus de dix ans, est toujours à la recherche de grandes capitalisations en mesure d’induire des changements (ses portefeuilles détiennent également quelques petites capitalisations.) Des sociétés comme Microsoft, Amazon et Costco – des noms qui ne sont généralement pas associés à la transition énergétique – sont des candidats idéaux pour son portefeuille, car non seulement ont-elles un impact positif en réduisant leurs propres émissions, mais il s’agit également d’entreprises éprouvées, souvent multinationales, avec des flux de trésorerie importants et des antécédents de réussite commerciale.

« Elles ont la capacité de faire bouger les choses à grande échelle », explique-t-il. « Elles disposent des ressources nécessaires pour faire une analyse et dire : il s’agit de la meilleure solution pour nous. »

Par exemple, depuis 2014, Microsoft est alimentée à 100 % par de l’électricité renouvelable grâce à des achats directs et à des crédits d’énergie renouvelable. La société s’est engagée à atteindre la carboneutralité d’ici 2030 et sa proposition pour 2050 est encore plus audacieuse : « Microsoft souhaite en fait réduire toutes les émissions de carbone qu’elle a produites depuis qu’elle est devenue une société publique dans les années 1970 », note M. Simpson.

Pour atteindre ces objectifs, Microsoft a signé des accords de 25 ans avec des producteurs d’énergie renouvelable pour ses installations, y compris ses énormes centres de données. Il s’agit d’accords contraignants qui font en sorte qu’il est impossible pour le prochain chef de la direction ou conseil d’administration de changer le cap. Ces accords comprennent la livraison de plus de 10,5 GW de capacité d’énergie renouvelable aux installations de Microsoft aux États-Unis et en Europe entre 2026 et 2030. La société consacre également un montant estimé à 806 millions de dollars US à deux contrats d’élimination du carbone.

Pour ce qui est des autres utilisateurs finaux, en 2023, Amazon, la plus grande entreprise acheteuse d’énergie renouvelable pendant quatre années consécutives, a annoncé 74 contrats d’achat d’énergie renouvelable représentant une capacité de 8,8 GW. Si ces achats ont certainement contribué à l’efficacité énergétique d’Amazon, l’entreprise estime que ses parcs solaires et éoliens ont également généré plus de 12 milliards de dollars US d’activité économique au niveau mondial de 2014 à 2022.

Au Canada, Loblaws, le géant de l’épicerie, a annoncé que d’ici 2025, tous ses magasins en Alberta seront alimentés par de l’énergie renouvelable, ce qui réduira les émissions de carbone de l’entreprise de 17 %. Pour ce faire, l’entreprise achète de l’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique à TC Energy Corp.

De façon plus générale, plus de 430 multinationales ont adhéré à RE100, un groupe qui s’est engagé à obtenir la totalité de son électricité de sources renouvelables d’ici 20502. Ensemble, ces multinationales consomment plus que toute la capacité de production de la Scandinavie, et elles ne sont pas encore à mi-chemin de leur objectif de carboneutralité. Au Canada, de grandes banques et des chaînes d’épicerie ont pris des engagements semblables.

En tant que gestionnaire de portefeuille soucieux des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), M. Simpson accorde une grande importance à ces mesures. « Nous nous concentrons sur les entreprises dont le modèle d’entreprise est durable », affirme-t-il. « Le comportement de ses entreprises constitue un élément important de notre analyse. »

Élargissement du marché
Même si la liste des utilisateurs finaux s’allonge, d’autres sociétés doivent suivre l’exemple de Microsoft et d’Amazon pour que l’économie mondiale atteigne le niveau zéro émissions nettes d’ici 2050. M. Simpson est convaincu que de plus en plus de sociétés intégreront le développement durable à leur stratégie, surtout parce que les consommateurs choisissent de plus en plus de dépenser leur argent auprès d’entreprises qui partagent leurs valeurs. Cela signifie que les investisseurs et les gestionnaires de fonds comme lui auront davantage d’options pour leurs portefeuilles.

« Il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais les sociétés progressent en ce sens, » affirme-t-il. « Elles ont la possibilité d’en faire plus, particulièrement les sociétés qui n'ont pas encore pris cet engagement. »

Grâce aux progrès technologiques, les sociétés qui n’étaient peut-être pas considérées comme des utilisateurs finaux peuvent désormais le devenir. Par exemple, l’industrie des déchets émet beaucoup de méthane, qui est l’un des pires gaz à effet de serre, remarque M. Simpson. Actuellement, des entreprises de traitement des déchets dépensent de l’argent pour convertir ce gaz en électricité, qu’elles peuvent utiliser pour leurs propres camions ou vendre à d’autres entreprises.

« Une entreprise du secteur de la santé, de la finance ou des déchets peut contribuer à l’effort en investissant ou en s’engageant à s’approvisionner en énergie renouvelable, » déclare-t-il. « Il y a, et il y aura, des occasions dans tous les secteurs. »

Le fait de considérer l’utilisateur final comme un élément de la transition énergétique permet aux investisseurs de s’intéresser à un nouvel ensemble de sociétés. Cela signifie également qu’il est possible de détenir un fonds diversifié de grandes capitalisations tout en tenant compte des critères ESG.

« Une stratégie de placement diversifiée contribue toujours à la transition énergétique », explique M. Simpson. « Vous pouvez vous sentir bien d’investir dans ces types de sociétés. Elles ne fabriquent pas des panneaux solaires, mais elles contribuent tout de même à la solution. »

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1 Agence internationale de l’énergie, Net Zero Roadmap (en anglais), 2023.
2 Bloomberg New Energy Finance

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